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Martin Bonner
Martin Bonner
Associé et conseiller fiscal, AREA Bollenberger
Jelena Mihic
Directeur général de Kreston MDM Serbia

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Jelena Mihic Munjic, directrice générale de Kreston MDM Serbia, est auditrice certifiée, comptable et experte judiciaire agréée en économie et en finance.

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Montant B de l’OCDE : La sphère de sécurité des prix de transfert pour les multinationales

May 29, 2025

Les experts de Kreston Global expliquent comment le nouveau cadre de prix de transfert du Montant B de l’OCDE affectera les distributeurs multinationaux et ce qu’il signifie pour une conformité simplifiée.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a révolutionné la conformité des prix de transfert avec son rapport consolidé sur le montant B, publié le 24 février 2025. Ce nouveau cadre introduit la première sphère de sécurité fondée sur une formule dans l’histoire de l’OCDE, offrant aux entreprises multinationales et aux autorités fiscales une approche simplifiée de la tarification des activités de distribution de routine.

Martin Bonner, associé gérant chez AREA Bollenberger et président du groupe prix de transfert de Kreston Global, et Jelena Mihić Munjić, directrice générale chez Kreston MDM Serbia, tous deux membres du réseau Kreston Global, ont récemment partagé leurs réflexions avec Bloomberg Tax sur l’impact du nouveau cadre sur les prix de transfert pour les multinationales.

Qu’est-ce que le prix de transfert du montant B de l’OCDE ?

Le montant B s’écarte considérablement des méthodes traditionnelles de fixation des prix de transfert. Contrairement à l’analyse comparable complexe généralement requise pour les transactions transfrontalières, ce nouveau cadre prévoit des marges bénéficiaires prédéterminées pour les distributeurs habituels de biens physiques.

Le système est issu de l’approche modulaire du projet BEPS 2.0, où le “montant A” traite de la réaffectation des bénéfices résiduels pour les géants du numérique, tandis que le montant B se concentre sur les rendements de base pour les opérations d’achat-vente standard. Cette distinction permet aux juridictions de mettre en œuvre ces mesures indépendamment les unes des autres, offrant ainsi une certaine souplesse d’adoption.

Fonctionnement de la matrice de tarification du montant B

La matrice de prix normalisée de l’OCDE utilise la méthode de la marge nette transactionnelle (MTNC), le rendement des ventes étant l’indicateur clé du bénéfice. Les entreprises déterminent leur marge applicable par un processus simple en trois étapes :

Système de classification des industries

Groupe 1 : denrées périssables, épicerie, produits de consommation courante, matériaux de construction Groupe 2 : matériel informatique, composants électriques, vêtements, produits pharmaceutiques, électronique grand public Groupe 3 : machines médicales et industrielles, véhicules industriels, outils spécialisés

Calculs de l’intensité des facteurs

Le cadre prend en compte deux ratios critiques :

  • Intensité de l’actif d’exploitation (OAS) : Actifs d’exploitation divisés par les recettes nettes
  • Intensité des charges d’exploitation (ICE) : Dépenses d’exploitation divisées par les recettes nettes

Sur la base de ces calculs et du regroupement des secteurs, les marges prédéterminées varient de 1,5 % à 5,5 %, ce qui permet de disposer de points de référence clairs et d’éviter de longues recherches de comparables.

Calendrier de mise en œuvre et adoption au niveau mondial

Contrairement au montant A, qui nécessite la ratification d’un traité multilatéral, le montant B s’inscrit dans le cadre non contraignant des Principes directeurs de l’OCDE applicables en matière de prix de transfert. Cela signifie que les pays peuvent adopter les dispositions unilatéralement pour les exercices fiscaux commençant le 1er janvier 2025.

La France, les Pays-Bas et l’Indonésie ont été les premiers à adopter ce cadre, et d’autres juridictions devraient le mettre en œuvre au cours de l’année 2025. Cette adoption échelonnée crée des opportunités et des défis pour les stratégies de planification fiscale des multinationales.

Avantages pour les entreprises multinationales

Efficacité administrative

L’approche fondée sur une formule réduit considérablement les exigences en matière de documentation et la complexité de l’audit. Plutôt que d’effectuer des analyses comparatives approfondies, les entreprises peuvent appliquer des marges prédéterminées en étant sûres qu’elles n’ont pas de lien de dépendance.

Amélioration de la prévisibilité

Les marges fixes apportent une certitude en matière de planification fiscale et réduisent le risque de litiges en matière de prix de transfert. Cette prévisibilité devient de plus en plus précieuse à mesure que les autorités fiscales du monde entier adoptent des stratégies d’audit plus agressives.

Réduction des coûts

La simplification des procédures de conformité se traduit directement par une réduction des honoraires professionnels et de l’allocation des ressources internes, ce qui est particulièrement bénéfique pour les entreprises de taille moyenne dont les services fiscaux sont limités.

Défis et considérations pratiques

Conditions d’éligibilité

Les entreprises doivent soigneusement évaluer si leurs activités de distribution peuvent être qualifiées de “routinières”. Les opérations impliquant des fonctions à forte valeur ajoutée, telles que le développement du marketing ou la gestion des relations avec la clientèle, peuvent sortir du champ d’application du montant B.

Segmentation des données

Une mise en œuvre correcte nécessite une séparation précise entre les activités de distribution éligibles et les autres fonctions de l’entreprise. Les entreprises qui fournissent des services mixtes doivent développer des systèmes robustes pour isoler les transactions éligibles.

Charges d’exploitation glissières de sécurité

Le cadre comprend des mesures de protection contre les ratios bénéfices/dépenses irréalistes. Les entreprises qui se rapprochent de ces seuils doivent surveiller attentivement leurs indicateurs pour éviter des ajustements inattendus.

Implications stratégiques pour la planification fiscale

Considérations juridictionnelles

La nature facultative du montant B crée un paysage de mise en œuvre disparate. Les entreprises doivent évaluer le statut d’adoption de chaque juridiction et considérer les implications des approches mixtes dans leurs réseaux de distribution.

Interaction avec la méthode traditionnelle

Le montant B ne remplace pas entièrement les méthodes de prix de transfert existantes. Lorsqu’il existe des transactions internes fiables de prix comparables non contrôlés (PCNC), celles-ci peuvent prévaloir sur la matrice standardisée.

Développement futur : Montant C

Les professionnels de la fiscalité prévoient l’introduction à terme du montant C, qui concernerait les distributeurs exerçant des fonctions allant au-delà de la déclaration de base. Cette évolution pourrait remodeler les stratégies de prix de transfert pour les opérations plus complexes.

Le point de vue d’un expert : L’analyse des experts de Kreston Global

Martin Bonner, associé gérant chez AREA Bollenberger et président du groupe Kreston Global Transfer Pricing, souligne que le rapport consolidé représente “plus qu’un simple PDF bien rangé – il marque le moment où le raccourci promis par l’OCDE en matière de prix de transfert est devenu utilisable, vérifiable et prêt à être mis en œuvre à l’échelle mondiale”.

Jelena Mihić Munjić, directrice générale chez Kreston MDM Serbia – Kreston Global, note que le succès du cadre dépend d’une navigation prudente dans les nuances de mise en œuvre tout en combinant des outils simplifiés avec des méthodes traditionnelles de prix de transfert.

Perspectives d’avenir : L’avenir des prix de transfert

L’introduction du montant B est le signe d’une évolution plus large vers des approches fondées sur des formules dans le domaine de la fiscalité internationale. S’il est largement adopté, ce cadre pourrait servir de modèle pour traiter d’autres fonctions de routine, en dépassant éventuellement les activités de distribution pour s’étendre aux opérations de fabrication et de services.

Le succès de la mise en œuvre du montant B déterminera en grande partie l’intérêt pour des solutions plus ambitieuses fondées sur des formules dans le cadre des futures initiatives de l’OCDE. Pour les entreprises multinationales, il est essentiel d’envisager une adoption rapide et une planification stratégique afin de conserver des avantages concurrentiels dans un paysage fiscal en constante évolution.

Conclusion

Le montant B reflète une évolution plus large vers des mesures fiscales standardisées, fondées sur des formules. S’il est largement adopté, ce cadre pourrait servir de modèle pour l’application d’approches similaires à d’autres fonctions courantes, telles que l’industrie manufacturière ou les services à faible risque.

Le succès du montant B influencera les futures initiatives de l’OCDE. Une adoption précoce et une planification éclairée peuvent aider les multinationales à obtenir des gains d’efficacité en matière de conformité tout en gérant le risque fiscal dans un paysage mondial en pleine évolution.

Pour obtenir des conseils d’experts sur la mise en œuvre du montant B et la stratégie en matière de prix de transfert, les sociétés multinationales devraient consulter l’un de nos fiscalistes expérimentés qui comprennent à la fois les opportunités et les complexités de ce cadre.